Les briseurs de machines (Nicolas Chevassus-au-Louis)
Alors que j’attends depuis plusieurs mois la publication de Blood in the Machine de Brian Merchant, je suis tombé sur ce livre via une des vidéos du collectif Bolchegeek pour l’Humanité et je me suis dit que ce serait une bonne introduction.
Et sincèrement, je regrette
- de l’avoir juste pensé comme un bouche trou
- de ne l’avoir lu que cette année et pas autour de 2006 au moment de sa sortie.
L’auteur commence par présenter le coeur des événements selon trois angles : les textes des officiels (forces de l’ordre, députés etc, aussi bien locaux que nationaux), les rares textes des luddites (chansons, proclamations, lettres et écrits) et enfin via un regard extérieur au travers du livre Shirley de Charlotte Bronte, qui se passe au moment des événements et en utilise certains éléments en trame de fond de sa narration.
A partir de ce descriptif brut, il analyse ensuite les conditions et motivations qui ont mené les tisserands a prendre la masse et briser des machines, dans le contexte spécifique du système encore féodal anglais. Il étend ensuite aux actions similaires qui ont eu lieu en France (et quelques exemples en Allemagne ou Italie) et quelles étaient les différences avec l’Angleterre.
A partir de la, il étend encore la réflexion sur l’émergence du modèle de l’usine mais aussi la disparition progressive des revendications sur les machines et la technologie au profit des revendications de classe tout en notant la théorisation du sabotage.
La dernière partie fait le lien avec les recherches récentes qui donnent un regard neuf sur les luddites et les mouvements et actions qui s’en inspirent à partir des années 1990.
La dernière partie accuse son age car les dernières actions mentionnées s’arrêtent au début des années 2000. Et si l’auteur a une vision clairement positive des luddites et des mouvements néo-luddites, il termine sur une note douce amère et plutôt défaitiste, ne pouvant prévoir le regain d’intérêt qu’ils connaissent depuis le milieu des années 2010.
Le mot de la fin
Grosse recommandation, foncez !