Quelle aventure que ce livre…

Fidele a mes habitudes, je suis allé trainer a Kinokuniya acheter un livre que j’avais repéré la veille, et par je ne sais quel coup du sort, je sortis avec 5 tomes sous les bras. Dont le fameux Empire des Signes de Barthes. Livre qui me faisait de l’oeil depuis longtemps, toujours bien situé dans le rayon francophone de la librairie. N’ayant jamais lu les classiques sur le Japon, et ayant deja mis beaucoup trop de livres dans mon panier, j’ai absolument pas hésité.

J’aurais dû…

Pour moi, ce livre, c’est ce concept que j’avais lu mille fois comme quoi Tokyo est une ville sans centre. Ou plutot ou le centre est un vide (le palais impérial). Et je m’attendais dans l’ensemble a un contenu similaire.

Oh que non.

Pour faire simple, j’ai l’impression de lire le blog d’un PVT lors de sa première semaine a Tokyo. A l’exception peut etre du dernier chapitre ou il s’est rendu compte qu’il avait raconté pas mal de conneries jusque la et qu’il voulait faire un peu de damage control, mais sans editer les chapitres précédents.

Histoire de parachever cette impression de blog, les photos ou illustrations sensées non pas illustrer le texte mais aider au style “ecriture automatique / flux de pensées” me fait surtout penser a un pseudo carnet de voyage avec quelques phrases utiles en japonais, quelques tickets de musée et/ou photos random glanées en chemin “parce que ca fera des souvenirs qu’on pourra regarder dans quelques années”.

La passion du rien

Alors que je ralais sur Twitter devant le niveau abyssal du contenu, on m’a soufflé que c’etait surtout l’approche sémiologie qui fait l’interet du livre. Sauf que ca ne se ressent pas du tout. On dirait un livre écrit par quelqu’un qui a lu 2-3 trucs sur le Mu du taoïsme et le Wu du bouddhisme et essaie de raccrocher tout ce qu’il voit a ca. Ce qui collerait niveau génération mais n’est absolument pas pertinent pour quelqu’un qui est sensé analyser un sujet. Quite a citer des koans zen, il aurait pu commencer par celui de la tasse de thé.

Un jour de vacances = un chapitre

C’est un peu l’impression que donne la premiere moitié du livre.

On lui sert du Kaiseki, ca fait un chapitre. Et une essentialisation de l’ensemble de la cuisine japonaise. Meme quand il remarque son contre-exemple quelques chapitres plus tard, sans que cela n’imprime sa conscience.

On lui sert des tempura, ca fait un chapitre. Qui aligne conneries sur conneries. Ou plutot, j’ai eu l’impression de lire l’évaluation du restaurant japonais dans le Guide Duchemin de l’Aile ou la cuisse (oui, celui avec De Funes et Coluche. Oui, c’est de ce niveau la).

On l’amene voir un spectacle de bunraku, ca fait 3 chapitres. Qui essentialise completement le spectacle, et evacue completement les rapports de domination entre les différents marionnetistes. Comment ne peut-il pas voir que si le maitre controle la tete et le bras droit (aka l’action), est le seul a ne pas etre invisibilisé c’est parce qu’en tant que maitre, c’est le seul qui a le droit de citer ? Bref, au dela de ca, toutes ces discussions ne servent qu’a essentialiser l’ensemble du spectacle vivant. Jusqu’aux derniers chapitres, ou, apres 2 autres voyages, il a du avoir été amené voir du kabuki et du noh, il essaie vaguement de se raccrocher aux branches mais en moins d’une demi-phrase.

Impressions en vrac

Un des trucs qu’il repete c’est “ou finit la peinture, ou commence le texte ?” et de s’extasier sur certains styles de caligraphies. Pourtant, Ben, l’artiste connu pour ses écritures en blanc sur noir, etait deja actif depuis 10 ans a la publication du livre et connaissait le succes depuis plusieurs années deja. Ne me dites pas que le tres parisien Barthes, ayant travaillé dans de nombreuses revues, n’a jamais croisé une de ses oeuvres…

Dans les aspects positifs, j’aurais été curieux de voir sa réaction devant le concept original de Twitter vu comme il s’épanche sur le manque de commentaire, l’immédiateté etc des haîkus. (je passerais sur le fait qu’il considere que tous les haikus sont a prendre au tout premier degré)

Le chapitre sur la politesse… Alors, j’avoue, j’ai ri au début en lisant qu’il considerait que l’Occidental avait deux faces, une face privée et une face publique, et dont la tournure de phrase laissait entendre que c’était un concept inconnu des japonais. Puis de dire que la courbette etait un geste tellement répété qu’il perdait toute valeur de soumission et/ou de politesse. Etonnant pour quelqu’un qui cite du bouddhisme et du taoïsme a longueur de pages de ne pas avoir rencontrer le concept de face ou le (néo-)confucianisme.

Le mot de la fin

Non.

Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non. Non. non. non.